13 octobre 2008

Charte du groupe de recherche


Qui sommes-nous ?

En juin 2008, une université d’été européenne a réuni de jeunes chercheurs en arts du spectacle, sciences de l’information et communication à la Villa Finaly de Florence autour de la question du contemporain. Cette rencontre fut le moment d’un échange riche entre des doctorants qui, pour beaucoup, n’avaient pas encore eu l’opportunité de se rencontrer. L’émulation du dialogue venait soudain adoucir les doutes du chercheur solitaire.

Du constat d’une communauté d’intérêt est rapidement née la volonté de constituer un groupe de recherche junior à même d’institutionnaliser ce débat. Doctorantes en études théâtrales à l’Université Paris III Sorbonne-Nouvelle, rattachées à des centres de recherche différents (IRET - Centre de recherches sur la théorie et l'histoire du théâtre & Groupe de recherche sur la poétique du drame moderne et contemporain ; ARIAS), il s’agissait pour nous de mettre en place une structure permettant le développement de nos recherches, la confrontation et l’échange de nos travaux, la discussion autour de thèmes qui nous fédèrent et la rencontre avec de nouveaux interlocuteurs, mues par le désir commun de "penser au-delà" de notre recherche individuelle. La scène contemporaine s’est immédiatement imposée comme point de rencontre de nos préoccupations.


Axes de recherche

De sensibilités intellectuelles diverses, nous avons souhaité ouvrir une autre voie de recherche dans le paysage fécond de l’ASSIC en inscrivant notre groupe dans une réflexion prenant comme objet spécifique ce que nous avons réuni sous le nom de "pratiques migratoires contemporaines", qui forment le contexte artistique dans lequel s’inscrivent nos travaux. La multiplication des études portant sur les migrations artistiques et celle des spectacles jouant au jeu des migrations ont conforté cette direction. Nos axes de recherche sont les suivants :

1. La terminologie de la scène contemporaine
Dans un souci de théorisation précise, nous tenterons de définir les notions - trop souvent floues - employées pour décrire la scène contemporaine (théâtralité, interdisciplinarité, écriture scénique, complexité, disciplines, performativité…). Nous penserons en parallèle les modalités de réception spectaculaire et le possible renouveau du regard (perception, kinesthésie, fragmentation du regard…).

2. Arts de la scène et autres arts
Relations du théâtre et/ou de la danse contemporaine au cinéma, opéra, cirque, arts plastiques, photographie, installations, vidéo, nouveaux médias… Nous nous intéresserons aussi bien aux démarches interdisciplinaires qu’aux déplacements entre les arts de la scène et les autres pratiques artistiques (la théâtralité dans les autres arts, le cinématographique au théâtre, l’emprunt de l’écriture corporelle en danse contemporaine aux pratiques circassiennes…), en nous appuyant sur des objets concrets. Les "migrations" des praticiens entre plusieurs disciplines feront également l’objet d’une étude précise.

3. Migrations des pratiques : mise en perspective et contemporanéité
L’hybridation des pratiques n’est pas sans précédent dans l’histoire des arts depuis le 19e siècle. Quelles en sont les origines ? Sur quel terreau s’élaborent ces expériences artistiques ? En quoi les phénomènes actuels divergent-ils des expériences antérieures ? Mises en contexte et mises en perspective historique nous permettront d’aborder la question complexe du contemporain en art et de tenter d’en donner une définition.

4. Quelle écriture pour la scène contemporaine ?
Quelles formes prend cette écriture ? Il s’agira d’entendre la notion d’écriture au sens large (écriture textuelle, scénographique, chorégraphique, musicale et/ou sonore, visuelle, mais aussi composition, improvisation, interprétation…), afin de mieux comprendre les processus de création de la scène contemporaine et de voir en quoi les migrations artistiques ont déplacé, transformé (ou non) ces processus. Nous verrons également comment s’opère un renouveau des rapports entre texte et représentation "émancipée".


Principes méthodologiques

Conscientes que nos études s’inscrivent dans un "air du temps", mais assurées de leur nécessité, la constitution d’un groupe de recherche - impliquant la confrontation des expériences et analyses – nous a semblé représenter un moyen solide pour prendre du recul et tendre vers un regard objectif sur ces pratiques, qui complètera notre subjectivité de spectatrices-chercheuses. Notre posture face à ces pratiques sensibles, souvent très récentes, sera avant tout celle du spectateur. Par ailleurs, la plupart d’entre nous étant indissociablement chercheuses et praticiennes, nous considérons que l’expérience de la scène en nourrira le commentaire. Nous tenterons donc d’établir un lien concret avec la pratique et de toujours placer au centre de nos questionnements théoriques l’analyse, la construction des œuvres et l’expérience sensible des arts de la scène. Notre rencontre au sein de ce groupe de recherche est aussi l’occasion de faire "migrer" notre regard, connaître les outils, les savoirs-faire d’autres disciplines, échanger des modes de travail.

Il s’agira alors de :
  • penser les arts de la scène à l’aune des autres arts (objets et pratiques).
  • penser les arts de la scène à la lumière de théories empruntées aux autres disciplines artistiques et aux sciences humaines.
  • explorer méthodiquement le champ, forger et expérimenter des outils théoriques et critiques exigeants. Chaque art possédant ses propres codes de représentation, ses propres principes structuraux, mais aussi ses propres approches de la recherche, voir quelles sont les méthodologies possibles pour analyser les migrations.
  • travailler sur la scène, mais aussi en amont et en aval d’elle, pour cerner la question, centrale dans nos réflexions, du processus de création (études de terrain, méthodologie des entretiens, multiplication des sources de recherches).
  • instaurer un dialogue avec des théoriciens et chercheurs issus d’autres domaines (philosophie, esthétique, anthropologie…) et autres arts.
  • dans un même souci, solliciter la collaboration de praticiens et de structures de création.